mg par kilo - balado

Épisode 14 | Pour des soins en douceur

Episode 14

Avec Dre Marie-Joëlle Doré-Bergeron, pédiatre, Dre Evelyne D.-Trottier, pédiatre urgentiste, Kaitlen Gattuso, conseillère en milieu pédiatrique, et Patricia Laforce, infirmière clinicienne, nous allons:

  • partager la mission et les valeurs de l’équipe Tout Doux ainsi que les grandes étapes menant à l’implantation de leur projet de prévention et de prise en charge de la douleur et de l’anxiété procédurale au CHU Sainte-Justine;
  • faire connaître le rôle d'une conseillère en milieu pédiatrique («childlife specialist») au sein d'une équipe multidisciplinaire; 
  • identifier les différentes techniques de prise en charge de la douleur et de l’anxiété procédurale recommandées (les « 4P », phrases à éviter, ...).

Références:

Les invité(e)s et l'animatrice ne déclarent aucun conflit d'intérêt.

Captation et montage: Philippe Lacroix, spécialiste en audiovisuel
Idée originale, réalisation et animation: Émilie Roy-St-Pierre
Conseillères en communication: Katrine Louis-Seize et Pascale Chatagnier
Logo: Équipe des communications et du graphisme du CHU Sainte-Justine
Musique: Samuel Ross
Collègues, ami(e)s et famille, merci pour votre précieux soutien.

© mgparkilo 2025

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En collaboration avec le CHU Sainte-Justine, membre du Réseau mère-enfant de la francophonie.

Bienvenue à Milligrammes par kilo, un balado qui parle de médicaments en pédiatrie. L'information contenue dans ce balado ne remplace pas le jugement professionnel. Il s'agit d'un survol de divers sujets pour les professionnels de la santé ou pour toute personne intéressée. Bonne écoute! Salut tout le monde, je m'appelle Émilie Roy-St-Pierre et je suis pharmacienne en pédiatrie générale, également l'animatrice de Milligrammes par kilo. Donc aujourd'hui, je suis très contente d'accueillir quatre invitées pour parler d'un sujet très intéressant qui suit justement les deux épisodes sur la douleur, douleur aiguë, douleur chronique, qu'on a fait avec la clinique de la douleur. Donc on va parler avec les initiatrices du projet Toux doux au CHU Sainte-Justine, donc pour des soins en douceur. Donc je vais vous laisser vous présenter, je ne sais pas, pour commencer. Moi c'est Evelyne Trottier, je suis urgentiste-pédiatre ici à Sainte-Justine. Moi c'est Marie-Joëlle Doré-Bergeron, je suis pédiatre à l'hôpital Sainte-Justine. Je travaille dans la clinique de la douleur aussi. Moi c'est Kaitlen Gattuso, je suis conseillère en milieu pédiatrique ici à CHU Sainte-Justine. Et moi Patricia Laforce, je suis conseillère en soins infirmiers à Sainte-Justine. Merci à vous quatre de me faire l'honneur d'être ici aujourd'hui. On a réussi à « fitter » tout autour de la table, donc c'est vraiment merveilleux. Donc comment est né le projet Toux doux initialement? Bien, enfin, Marie-Joëlle va vous dire des choses super intelligentes de comment est né le projet Toux doux. Je vais juste dire en premier, Émilie, qu'en fait, Toux doux, c'est né d'une belle rencontre à la base, il y a 15 ans, que j'ai eue avec Marie-Joëlle. En fait, quand on veut travailler comme médecin dans un centre tertiaire comme Sainte-Justine, il faut partir en fellowship. C'est toujours un peu compliqué à organiser, mais ça fait en sorte qu'on voit des choses de façon complètement différente. Marie-Joëlle est allée travailler dans un brillant hôpital à Boston. Moi, j'étais allée de l'autre côté, diamétralement opposé, à Melbourne, en Australie. Puis les deux, on s'est rendu compte qu'il y avait des fois des façons de faire des procédures chez les enfants qui étaient vraiment différentes de ce qu'on avait appris dans nos milieux. Puis même si on était dans deux hôpitaux qui étaient complètement diamétralement opposés du monde, on a appris un peu les mêmes types de stratégies qui pouvaient être bénéfiques. En fait, moi, j'ai été vraiment surprise dans le milieu où j'étais de faire des procédures avec des enfants qui riaient pendant les procédures, alors que je faisais des procédures qui sont quand même stressantes puis douloureuses pour des enfants. Puis je pense que les deux, c'est là qu'on a appris à connaître plus c'est quoi des Child Life Specialists certifiés, des types de profession qu'on ne connaissait pas dans notre formation en pédiatrie à Sainte-Justine. Puis les deux, on a voulu essayer d'améliorer ça chacun dans notre milieu. Puis là est venu le brainstorm de l'aventure des 15 dernières années. C'est ça. En fait, quand on est revenu, Evelyne était à l'urgence, puis moi j'étais... – puis on est encore... En fait, Evelyne travaille à l'urgence, puis moi je travaille sur les étages de pédiatrie. Donc, on voyait les mêmes réalités, mais géographiquement sur des étages différents. Puis chacun de notre bord, on essayait un petit peu de changer les choses, mais ce n'est pas évident quand on est tout seul, disons. On fait la même affaire, aussi bien travailler ensemble, donc on s'est mis à réfléchir ensemble puis on essayait chacun de notre côté de changer un peu les choses sur nos départements respectifs. Mais avec un succès, on va dire mitigé, qu'en dirais-tu, Evelyne? Vous avez compris que l'union fait la force. On a compris plusieurs choses, mais ça nous a pris du temps. (Rires) Mais ce qu'on a compris, c'est que 1-oui, c'est sûr que c'est plus facile de s'unir pour travailler ensemble. Puis deuxièmement, on a compris à un moment donné, en regardant ce que les autres centres faisaient, que des fois, évidemment, il faut travailler sur le terrain, il faut expliquer aux gens, il faut leur faire comprendre qu'on peut faire les choses différemment. Mais c'est aussi important d'aller à la direction de l'hôpital puis de dire, il faudrait que pour vous, en tant qu'institution, ça devienne une valeur, ça devienne un projet porteur, puis que vous véhiculiez ce message-là à travers toute l'institution. Parce que c'est sûr que quand on se fait dire de la direction « pour nous, c'est important de prendre en considération le soulagement de la douleur procédurale, on considère que c'est une valeur de notre institution. On a ça tatoué dans le cœur. » Bien là, après ça, les gens qui rentrent travailler chez nous disent,« Ok, bon, ça a l'air d'être important ici, il faut que j'y fasse attention à cet enjeu-là. » Fait que c'est un peu comme ça qu'on a commencé finalement à changer notre manière de faire. Oui, on continue à travailler sur le terrain, mais on s'est dit, il faut aller jaser avec les gens de la direction, leur faire comprendre l'importance du soulagement de la douleur procédurale, puis comment on peut travailler avec eux pour faire en sorte que ça devienne une valeur, puis un projet institutionnel. Fait que c'est un peu comme ça qu'est né Toux doux, qui a changé de nom à quelques reprises initialement. Finalement, Toux doux, ça semblait vraiment être la clé du bon nom. C'était quoi les autres noms? C'était Echidna. Echidna, c'est un petit animal qu'on retrouve en Australie. Que personne ne connaît, évidemment, au Québec.(Brouhaha) Qui est doux. Qui est doux... qui est piquant! Qui a des petits piquants, mais qui sont très très doux. Alors, ils sont tout doux. Ça voulait dire équipe du confort à l'hôpital par des interventions dirigées non pharmacologiques et... Je m'en rappelle plus. Accessibles? Et... Je m'en rappelle plus. C'est vrai que Toux doux, c'est très accrocheur. Oui, probablement....complot, en fait, pour réussir à... Oui, c'est ça, ils ont fait un pitch pour sortir le... Est-ce que quand vous avez apporté ça à la direction, c'était déjà supporté, j'imagine, par de la littérature ou des sociétés savantes? Oui, c'est sûr. En fait, c'est supporté par de la littérature. Puis, c'est ça qu'on a apporté aussi en haut à la direction. On a dit, regardez, il y a des institutions qui en ont fait un projet institutionnel, qui ont vu... Évidemment, on a le souci de soulager et d'améliorer la qualité des soins de nos patients. Mais ce qu'on voyait aussi à travers ces données-là, c'est que non seulement il y avait une amélioration de la qualité des soins, de la satisfaction de la clientèle, puis de la satisfaction du personnel aussi, parce que c'est vraiment le fun de réaliser quand tu travailles, puis tu sais que tu t'en vas faire une intervention qui peut faire mal ou être anxiogène, de réaliser qu'il y a des moyens que tu peux utiliser pour que ça soit plus agréable pour tout le monde. Ça fait que c'est vraiment satisfaisant au niveau de son travail aussi, professionnel. Puis, en plus de ça, tu réussis à avoir, en fait, une amélioration de ton efficience. Par exemple, le temps d'attente, on voyait que dans certaines institutions, dans les centres de prélèvement, il y avait moins d'attente dans la salle d'attente, parce que c'est beaucoup plus facile et rapide quand les enfants collaborent. Alors, il y avait un gain d'efficience au niveau institutionnel, puis donc, probablement, on sauve de l'argent. Alors, tout ça, ça parle beaucoup aussi. Donc, quand on a apporté tous ces arguments-là, finalement, on vous met ça, ça a l'air d'être passé en trois semaines. Non, ce n'était pas tout à fait le cas, mais ce n'est pas grave. Donc, éventuellement, il y a eu vraiment plus un appui de l'institution et là, par la suite, en fait, on a réussi à avoir… Parce qu'il y avait un appui de l'institution pour introduire des stratégies pour réduire la douleur. Puis ça, on l'avait déjà essayé, tu sais, mais d'avoir juste les stratégies en place sans qu'il y ait justement la direction qui dit« Ah non, non, il faut les appliquer, il faut faire en sorte que ça se passe. » Et là, bien, on met de l'effort. C'est ça qui manquait, oui. On met des efforts, on met de l'argent, on met des efforts, on fait… on forme nos professionnels. Exact. Parce que c'est ça, là. Après ça, ça vient avec former tout le monde dans l'institution, déployer les outils qui peuvent les aider sur le terrain. Ça demande du temps, ça demande de l'argent, ça demande des ressources humaines aussi pour faire tout ça. Donc, c'est à ce moment-là qu'on est allés chercher, en fait, ce financement via la fondation du CHU Sainte-Justine, qui a vraiment été généreuse, une fondation très généreuse, qui nous a permis de débuter officiellement le projet Toux doux à travers l'institution. Et c'est à ce moment que sont apparues ces jeunes demoiselles. Oui. Du sang neuf. Du sang jeune, oui. Qui allaient nous aider à monter ce projet-là. Exactement. Wow! Bien, c'est vraiment une belle histoire et félicitations d'avoir travaillé autant pour ce projet phare-là. C'est vraiment une belle avancée. Oui. Puis, justement, dans l'équipe, là, est-ce qu'Evelyne, tu peux un peu nous parler du rôle de chaque personne? Bien, c'est sûr que pour réussir à ce que ça se passe, qu'il n'y ait pas juste les outils qui soient en place, mais que les gens utilisent les outils, bien, il faut atteindre vraiment une équipe multidisciplinaire assez large. Donc une des premières choses qu'on a fait dans le pré-Toux doux, Echidna, on s'est, dans le fond, associé avec le bureau partenaire de patients-familles-soignants pour voir si nous, ce qu'on essayait de mettre en place, est-ce que ça résonnait aussi auprès de parents, de patients-partenaires. Est-ce qu'eux voyaient la même problématique que nous, on voyait comme soignants? Quels étaient les enjeux qu'eux voyaient? Donc on a eu des patients-parents-partenaires exceptionnels, dont Mme Marie-France Langlais, là, qui nous ont aidés un petit peu à bâtir cette structure-là, puis qui ont participé à travers les dernières années à l'avancement du projet. Évidemment, tout bon projet dans notre institution se doit d'avoir des leaders de la Direction des soins infirmiers d'impliqués. Puis on a eu, comme dirait un de mes collègues, un Jedi vedette, là, qui nous a aidés à structurer tout ça. Annie Lacroix est rentrée dans le projet de la DSI, pour nous aider à donner une structure à Toux doux. Et grâce à la Fondation, on a pu avoir des acteurs-clés, des infirmières-champions. Puis là, Patricia est rentrée en ligne de compte. Patricia, qui était notre infirmière-champion pendant tout le déploiement, qui faisait un immense travail dans l'enseignement auprès des différents cadres de profession, mais aussi des nouveaux professionnels qui étaient engagés, puis qui ont maintenant aussi un rôle de courtière de connaissances avec un organisme qui s'appelle Solution for Kids and Pain, Solution pour la douleur des enfants, auquel on est associés. En fait, on est le centre francophone de SKIP, là. Patricia va sûrement en parler tout à l'heure. Ça fait que ça nous a permis, justement, d'avoir une personne terrain pendant tout le déploiement du projet. Ça fait que la DSI a eu un grand rôle, là, quand même, dans notre projet. Et Julie, qui, depuis le début du projet nous a aidés à monter cette structure-là aussi. Tu as parfaitement raison, Marie-Joëlle. Il fallait atteindre aussi, pas juste les médecins, les infirmières. Bon, Marie-Joëlle et moi, on était déjà pas mal convaincues de l'importance du projet. Ça fait qu'on a travaillé du côté médical, mais ça nous prenait aussi des acteurs clés. Puis, je pense, depuis le début du projet, ce qu'on voulait, c'est d'avoir, justement, chez nous aussi des Child Life Specialist certifiés. Je le dis en anglais parce que, dans le fond, c'est beaucoup dans les hôpitaux anglophones qu'on retrouve, qu'on retrouve veste. Parce que maintenant, on a des gens chez nous, ces professionnels-là, entre autres, aux États-Unis. Dans le reste du Canada anglophone, à l'Hôpital de Montréal pour enfants, qui ressemble plus aux hôpitaux anglophones canadiens, en Australie, entre autres. Ça fait qu'avec la Fondation, on a pu avoir notre première Child Life Specialist certifiée, qui est Kaitlen Gattuso, qui va sûrement pouvoir vous parler de son rôle. Puis, je pense que c'est un rôle qui est essentiel, comme chien de garde des bonnes pratiques qu'on fait des professeurs. Mais c'est vrai, je le vois comme ça. Je le vois même comme ça pour moi-même, quand je fais une procédure chez un enfant. C'est parfait, c'est vrai. Et là, Kaitlen me surveille. Tu fais ça bien. Puis, évidemment, avec la Direction des services multidisciplinaires Annie-Joëlle Fortin, puis plein d'autres ont fait partie du projet. Puis, pour mieux diffuser le projet, bien, on avait besoin d'alliés comme les communications, entre autres. Donc on a eu plusieurs alliés du point de vue des communications pour nous aider à, justement, transmettre les outils autant aux familles qu'au personnel, pour faire en sorte qu'il y ait un branding de Tout doux. Puis, je pense qu'ils ont bien réussi aussi de faire un branding de tout doux, parce qu'on a beaucoup d'hôpitaux qui nous contactent. Oui, c'est ça. C'est qu'en fait, maintenant, on a entendu qu'on… notre objectif aussi, éventuellement, en travaillant avec SKIP, c'était de diffuser, en fait. Parce qu'il y a des choses qui sont connues dans la littérature, puis des fois, c'est pas tout à fait évident de transposer ça cliniquement, pratiquement sur le terrain. Fait qu'on voulait faire… travailler à Sainte-Justine, mais on voulait aussi que ça soit exporté, ces belles choses-là, à l'extérieur des murs de notre institution. Et ça nous faisait plaisir d'expliquer aux gens comment, nous, on avait travaillé fort, puis ça n'avait pas été toujours facile, mais qu'on avait réussi à obtenir des résultats quand même concrets, puis qui faisaient une différence. Puis, si c'est possible de le faire chez nous, c'est possible de le faire partout. Évidemment, il faut y mettre de l'énergie puis des ressources, mais ça se fait. Donc, ça nous faisait plaisir de partager, finalement, cette expérience-là, puis les connaissances qui nous aident à monter ce genre de projet-là. Mais c'est vrai, ce qu'Evelyne aussi, Tout doux, à travers les années, c'est devenu quelque chose que les gens… les gens savent qu'est-ce que c'est, tout doux, dans notre institution. Et s'ils nous voient arriver, ils savent qu'il faut qu'ils fassent attention, parce que nous, on trouve ça important, puis que… Donc, vraiment ça parle pour nous, ça parle beaucoup, puis on est fiers de ça, en fait. On est contents que ça ait fait ce chemin-là, puis qu'on ait réussi à implanter notre projet à travers tous les milieux. Parce que ce qui était un peu difficile aussi, c'était de voir, avant qu'on réussisse à aller partout dans l'hôpital, que ça se faisait d'une certaine manière dans un service, mais c'était différent dans un autre service. Donc, un enfant qui se promenait d'un endroit à l'autre, dans l'hôpital… C'était pas uniforme, non. C'était pas uniforme, puis ça, c'est difficile comme… comme patient, c'est difficile comme famille. Puis on se disait, bien là, là, on est dans une institution où est-ce que les enfants se promènent, on va avoir des soins peut-être un peu partout. Puis souvent, ceux qui ont des soins un peu partout, c'est ceux qui ont le plus de soins, puis peut-être le plus de procédures. Puis vraiment, il faut y faire attention. Il faut que le message soit le même, puis il faut que les soins soient donnés de la même manière le plus possible à travers l'institution. Bien, bravo! C'est vraiment une belle initiative, je le redis. Puis là, je reviens un peu sur la Child Life Specialist, qu'on pourrait traduire peut-être en… comme conseillère en milieu pédiatrique. Oui, exactement. Est-ce que Kaitlen, tu voulais un peu nous parler de ton rôle plus précisément. Ça m'intrigue, là, vu que t'es comme la première. Définitivement! Donc, moi, je suis arrivée à Justine grâce à ce beau projet, mais aussi grâce à la Fondation et le financement qui a été donné. Les conseillères en milieu pédiatrique sont des professionnels formés pour aider les enfants et leurs familles à faire face aux situations stressantes liées à la maladie, à l'hospitalisation et aux soins. Et oui, comme on le dit en anglais, les Child Life Specialists sont beaucoup plus connus dans les établissements anglophones. On peut les retrouver dans les hôpitaux canadiens, même à l'international. Il existe des Child Life Specialists au Japon, à Dubaï, en Australie, justement. Et oui, on se considère des gardiennes des bonnes pratiques à utiliser pour mieux gérer la douleur et la détresse, non seulement procédurales, mais dans le contexte du milieu hospitalier. Et nos interventions sont très basées sur le jeu. C'est la façon que les enfants apprennent, qu'ils s'expriment. C'est ludique, mais c'est aussi thérapeutique. Moi, je travaille à l'urgence seulement parce que l'hôpital du CHU Sainte-Justine est immense, donc impossible que je me promène partout, mais je suis assignée à l'urgence. Et mes interventions incluent la préparation aux soins, de mettre en place des bonnes stratégies, dont l'utilisation des stratégies non pharmacologiques, la distraction, les techniques de relaxation, l'utilisation du bon positionnement, et d'offrir un soutien, un accompagnement aux enfants et leurs familles pour, justement, qu'on minimise les traumatismes, non seulement dans le moment, mais pour réduire le traumatisme à moyen et à long terme. Et c'est un peu en cela que consiste mon rôle avec Toux doux. C'est vraiment de, non seulement mieux outiller les soignants, mais aussi de mieux outiller les enfants et leurs familles. Donc, d'augmenter ce sentiment, et désolé encore pour l'anglicisme, mais de « empowerment », pour que les enfants et les familles connaissent eux aussi c'est quoi les différentes stratégies Toux doux, réconfortantes, disponibles, pour qu'ils puissent continuer leur parcours de soins en sachant qu'est-ce qu'eux-mêmes pourraient proposer pour que ça se passe mieux. Parce que chaque famille est capable, on doit juste les aider à retrouver les forces qu'ils ont, déjà, et de le faire rayonner vraiment pour qu'ils aient une meilleure expérience ici et n'importe où ils vont. Et même après. Parce que tu leur apprends des choses qu'ils peuvent utiliser par la suite, tu sais. C'est ça, c'est toujours un souci quand je travaille à l'urgence que, bon, je rencontre la famille, et après ça, je ne sais pas qu'est-ce qui arrive, mais en sachant que, ok, maintenant ils connaissent c'est quoi les différentes ressources disponibles, mais déjà ça me rassure. Et pour eux aussi, c'est intéressant de connaître qu'est-ce qu'il y a de disponible, parce que parfois c'est juste des outils très simples, très efficaces, mais aussi très accessibles. Et tout le monde est capable, et je vais justement parler un peu de toutes les différentes stratégies que j'utilise. Tu sais, l'urgence, c'est un peu comme la porte d'entrée de l'hôpital. Bon, il y en a qui vont ressortir rapidement de l'urgence, mais il y en a d'autres qui vont rester ou qui vont monter, par exemple, sur mon étage en pédiatrie ou en chirurgie ou peut-être aux soins intensifs, on ne sait pas. Donc, quand ils arrivent, disons, puis là, ils se familiarisent avec, par exemple, des techniques que Kaitlen va leur avoir montrées, puis là, ils montent sur notre étage le soir ou le lendemain, bien, ils peuvent, eux, dire « Ah bien, moi, j'ai vécu quelque chose à l'urgence d'une certaine manière, puis ça s'est bien passé, puis je veux que ce soit comme ça que ça se passe ici aussi. » Donc, c'est une certaine forme aussi de contrôle, on pourrait dire, de leur donner ces connaissances-là, puis on est content après que les parents nous fassent part de « Ah, nous, on préférait que ça soit fait comme ça. » C'est vraiment, pour nous, important d'avoir les parents puis les familles comme des partenaires, puis de leur apprendre qu'est-ce qu'ils peuvent demander, qu'est-ce qu'ils peuvent faire pour leurs enfants pour que les choses se passent de la meilleure manière possible. Ça doit tellement être rassurant. Tout à fait. Puis, c'est génial d'avoir accès à Kaitlen à l'urgence, puis merci Marie-Joëlle de dire que c'est important, vu que c'est la première fois que l'on a eu notre première Child Life Specialist là. Oui, à Sainte-Justine, on est maintenant rendu avec deux Child Life Specialists. On a, je pense, cinq éducatrices spécialisées qui font aussi de la préparation, de l'accompagnement procédural. C'est génial, mais il faut se dire que si on se compare à d'autres hôpitaux au Canada, par exemple, à l'hôpital du Sick Kids, ils ont plus que 30 Child Life Specialists dans leur institution. Même chose à McMaster, plus qu'une vingtaine aussi, si on regarde des hôpitaux comme Stollery à Edmonton ou à l'Alberta Children's. Fait qu'on est encore en retard parce qu'on préfère beaucoup plus encore, si on avait plus de professionnels, justement, qui pouvaient aider nos familles à justement passer à travers leur hospitalisation, les différentes procédures qu'on impose aux enfants parce qu'on veut le faire bien. Puis, tu sais, comme soignant, on apprend beaucoup à faire une technique. On va au centre de simulation, on apprend à faire une ponction lombaire quand on est externe. On apprend la procédure, comment rentrer l'aiguille, comment faire telle affaire. Puis, une affaire que j'ai appris... mon fellowship en Australie, c'était en traumatologie. Fait que je n'allais pas pour apprendre sur la douleur procédurale du tout. Mais j'ai été très surprise quand je suis arrivée là-bas de rencontrer ces spécialistes-là que je ne connaissais absolument pas. J'avais jamais eu une personne qui m'avait aidée à accompagner la famille, l'enfant, à mieux le préparer, mieux lui expliquer la procédure que moi, je pensais bien faire, à mieux faire de la distraction que moi, ce que je pensais que je faisais pendant une procédure. Puis, là-bas, dans mon fellowship, il fallait que je mette moi-même les voies veineuses, ce que je n'avais jamais faites de ma vie avant de partir en fellowship. Donc moi, déjà, d'arriver puis mettre la voie veineuse à un petit potelé de neuf mois, puis de faire ses prises de sang, j'étais vraiment super fière. Puis, je me rappelle une fois, un des premiers solutés que j'avais mis en Australie, le Child Life m'avait spotté dans l'urgence en Australie. Là, il m'avait dit « Oh, la Canadienne, là, qu'est-ce qu'elle s'en va faire? » Donc il m'avait suivi pour faire la procédure. Puis, j'avais fait comme moi, je faisais ma procédure. Puis, j'avais été super bonne. J'avais réussi à mettre la voie du premier coup. J'étais très fière de moi. Puis, là, la famille avec l'enfant était ressortie. Puis, là, le Child Life m'avait dit « Ça s'est tellement mal passé. » J'étais comme « Mais non! Ça a super bien été ! J'ai eu la voie du premier coup. »

Il a dit :

« No-no-no. Il a pleuré tout le long. Il était en détresse. La mère était en détresse. » Puis, là, j'ai fait comme « Attends, qu'est-ce qu'il me dit? » Je ne comprenais pas ce qu'il me disait, honnêtement. Puis c'est avec ce Child Life-là que j'ai appris comment faire une procédure pour que l'enfant ne réagisse absolument pas, comment mettre un soluté, comment faire une réparation de lacération... Pour que tout se passe bien dans la tête de tout le monde... Dans la salle, tout le monde s'amuse pendant la procédure. Personne ne pleure. Les parents sont beaucoup plus satisfaits. Moi, je fais une réparation de lacération qui est tellement plus jolie au bout du compte qu'il me prend vraiment moins de temps. Je suis devenue complètement convaincue de l'importance de ça. Ça me convainc aussi du premier coup. Ultimement, c'est tellement de travailler en collaboration avec l'équipe multidisciplinaire pour, justement, minimiser le stress et favoriser l'adaptation, le « coping » - désolée, encore, pour l'anglicisme, mais il n'y a pas un bon mot pour traduire « coping ». Des enfants et de leur famille pour que ça se passe mieux, pour qu'on optimise le bien-être et la satisfaction de tout le monde qui est présent. Tout à fait. Et d'être là au quotidien pour dire comme, puis, Kaitlen l'a fait, elle l'a fait encore la semaine passée. « Evelyne, time-out. Là, tu as prescris telle affaire pour tel enfant avec troubles du spectre de l'autisme. Je pense que ça, ça va être difficile. Je te propose ça. » « Ah, bien oui, merci. » Parce que moi, je voyais 80 patients en attente, et j'ai un peu oublié ça, parce que tu es prise dans tes nécessités à toi dans ton rôle, par exemple, comme leader médecin à l'urgence. Je comprends bien. Rôle important. Très important. Maintenant, je me tourne vers toi, Patricia. Est-ce que tu veux me parler un peu de Solutions for Kids and Pain, donc le SKIP? SKIP, oui, c'est ça. SKIP, dans le fond, c'est un organisme pancanadien de mobilisation de connaissances. Dans le fond, ils ont réussi à démontrer que c'est beau toutes les études qu'on fait, mais avant que ça soit mis en application par les soignants, il y a un gap de 10 ans quand même. C'est quand même à considérer. Donc SKIP va travailler à développer des outils avec les familles, avec les soignants pour réduire ce gap-là de 10 ans aussi. Aussi, SKIP vient de faire la première norme HSO en douleurs pédiatriques au monde, ce qui n'est pas rien non plus, qui a été téléchargée dans plus de 67 pays récemment. Donc, SKIP va nous aider aussi à pouvoir appliquer cette norme de douleurs pédiatriques ici au Canada, mais aussi éventuellement peut-être... Ça, ça date de quand, cette norme-là? C'est 2023. C'est avril. Oui, avril 2023. SKIP, c'est assez très récent. C'est récent. C'est tout à fait récent. C'est pour la douleur procédurale, mais également la douleur aiguë puis la douleur chronique. Oui, toutes les douleurs. Exact. Tout type de douleurs pour tout-petits. Oui. Excellent. Et bien, Patricia, c'est notre représentante. Oui, oui, je suis rendue la courtière de connaissances pour SKIP. Donc, je vais travailler avec eux très fort pour continuer. Excellent. Parce que nous, on est le centre francophone, dans le fond, de SKIP. C'est ça. C'est un peu avec ce début de collaboration-là avec SKIP qu'on a vraiment mis une emphase dans l'importance de Toux doux, de sortir un peu des murs de l'hôpital Sainte-Justine puis d'aller à travers le réseau francophone. Pour nous, c'est un objectif vraiment d'atteindre le milieu francophone. Parce que la mobilisation de connaissances, pour nous, la barrière de la langue, ça représente un enjeu de mobilisation de connaissances. Et puis, on le sait en douleurs. Par exemple, en douleurs chroniques et en douleurs procédurales, c'est aussi vrai. Les ressources qui sont disponibles à travers Internet sont vraiment super intéressantes, mais souvent, malheureusement, disponibles uniquement en anglais. Donc, pour nous, d'avoir un lieu où est-ce qu'on protégeait, on pourrait dire, on dirait, on dit, bien, les ressources, elles sont super bien, mais est-ce qu'on peut les traduire en français puis pouvoir justement mobiliser ces connaissances-là à travers le réseau francophone, c'était important. Donc, de faire partie de SKIP en tant que hub francophone, pour nous, ça représentait une manière d'améliorer la mobilisation des connaissances à travers le pays.– Parfait, bravo! C'est vraiment impressionnant, toute la mobilisation, tous les acteurs qui sont dans ce projet-là.– Mais c'est vraiment le fun!– Oui! Et maintenant, je vous amène vers l'approche des quatre P. Donc, comment ça se déploie concrètement? Veux-tu nous en parler un petit peu?– Donc, je peux parler des quatre P, puis ici, Patricia, tu aimerais ajouter en lien avec le déploiement, mais le premier P, c'est en fait la prévention. Donc, de réfléchir à la pertinence des interventions médicales. Est-ce qu'il y a un moyen, par exemple, de regrouper les prélèvements au lieu de les faire plusieurs fois pendant la journée? Est-ce qu'on est capable de les espacer aux deux jours? Je ne sais pas, je dis n'importe quoi, mais de vraiment réfléchir à qu'est-ce qu'on peut faire pour minimiser le nombre de soins. Ça, c'est un exemple. Et est-ce qu'il y a d'autres alternatives qui existent au lieu de faire une ponction veineuse? Est-ce qu'on peut réhydrater l'enfant avec un médicament qu'il peut prendre par la bouche?– Ça, t'es bonne pour faire ça!– Oui!– Disons qu'il y a un problème d'accès d'un soluté, Kaitlen va venir. Ah! Est-ce qu'il y a vraiment besoin d'un soluté? Parce que dans la littérature, il y a quand même beaucoup d'évidence sur des stratégies de prévention. Entre autres, Marie-Joëlle a travaillé sur un document de principe, à la Société canadienne de la pédiatrie, sur l'importance d'essayer… un patient qui se présente à l'urgence, par exemple, qui vomit, ça fait 10-15 fois. Avant, souvent, il pouvait se ramasser avec un soluté assez rapidement, mais une dose de Zofran va éviter bien des solutés chez les patients qui viennent à l'urgence, va éviter même des hospitalisations. Encore là, réduction des coûts pour le système de santé, réduction aussi du temps procédural pour les infirmières, de réfléchir un peu à la pertinence de ce qu'on fait. Même chose, des fois, tu viens nous voir comment ce patient-là, avec la lacération, est-ce que ça prend des points de suture ou on peut faire juste une colle? Ça, c'est quelque chose qu'on veut enseigner plus, entre autres, aux résidents en médecine qui vont faire de la clinique de médecine familiale ou de l'urgence. J'irais même plus loin, est-ce qu'on est capable d'éviter une sédation pour ce patient? Tout à fait, oui. Est-ce qu'il y a une autre combinaison de stratégies qui est beaucoup plus appropriée qu'on pourrait proposer, qui va être autant efficace et qui va faciliter l'adaptation de l'enfant, mais pourquoi pas? Donc, ça, c'est vraiment le premier P. Le deuxième P, c'est vraiment tout ce qui est en lien avec les stratégies non pharmacologiques, dont les stratégies psychologiques, ce qui est ma partie vraiment préférée. Et il y en a plusieurs. On pourrait avoir un balado juste sur tout ça, les stratégies psychologiques, mais je vais résumer ça très concrètement. La première, je dirais, c'est la préparation aux soins. C'est une stratégie super importante. On prépare des enfants à tout. Pourquoi pas une procédure? Donc, un exemple de ce que je fais à l'urgence, c'est que je vais amener le matériel médical et on va faire ce que j'appelle le jeu médical. C'est une désensibilisation, une exploration, une familiarisation avec le vrai matériel qui sera utilisé lors d'une procédure. Et les enfants sont naturellement curieux, donc ils s'embarquent vraiment dans le jeu. On peut soigner le toutou, on peut soigner le parent. C'est vraiment ludique, puis ça favorise une meilleure compréhension de c'est quoi les étapes de la procédure que l'enfant va subir dans pas très longtemps. Donc, souvent, on pense à qu'est-ce qui fait peur aux enfants? C'est la peur de l'inconnu. Donc, juste d'expliquer ou de démontrer qu'est-ce qui va se passer, mais déjà, on réduit un peu la peur avec la préparation. Et même pour le parent, il y a beaucoup de parents qui ne connaissent pas c'est quoi la procédure. Donc, il vaut mieux comprendre et identifier c'est quoi leur rôle dans la procédure. Mais déjà, on partait de loin, mais maintenant, on est beaucoup plus calme, on est capable de faire face, on est capable de travailler comme une équipe. La deuxième stratégie psychologique que j'aime beaucoup, c'est la distraction. C'est essentiellement le jeu. La distraction est tellement efficace. La recherche démontre beaucoup que c'est très utile pour diminuer la douleur et la détresse procédurales. Ça rejoint les enfants parce que c'est le jeu, comme j'ai dit. Et ça consiste à détourner l'attention de l'enfant sans nécessairement de les piéger, mais de leur donner du contrôle, de pouvoir participer aux soins. Et j'ai amené quelques exemples aujourd'hui. Même moi, je gère mon frère. J'en ai amené quelques jouets sensoriels. Celui-là, c'est ma préférée. Est-ce que tu veux nous le décrire pour les gens qui nous écoutent? Donc, ça, c'est la boule lumineuse.... Je ne pense pas que j'ai beaucoup à dire. Je l'utilise souvent lors des procédures douloureuses. Ça capte l'attention de l'enfant. Ça capte mon attention. Oui, c'est ça. Au moment d'un pincement, ça détourne leur attention. Puis, ils peuvent toucher. Il y a le côté aussi... Vibration. Le tactile, sensoriel, visuel. Donc, vraiment, une stimulation de tous les sens pour pouvoir interférer avec la sensation de la douleur, de diminuer la peur, puis d'encourager la participation de l'enfant lors du soin. J'amène beaucoup de différents choix quand je peux. Puis, ça dépend de l'âge de l'enfant aussi. Mais, c'est très ludique au final. Puis, les enfants oublient complètement. Tout le monde me dit que c'est de la magie. Mais, au final, c'est vraiment juste le langage de l'enfant. Utiliser le jeu lors des soins. Puis, t'escalades souvent pendant la procédure, pour essayer justement de continuer à capter. Ça finit en feux d'artifice! Oui, c'est ça. Parfois, je fais un jeu de comme... Je danse, puis j'arrête. Je danse, puis j'arrête. Mais, nous avons aussi une trousse de distraction au CHU Sainte-Justine, qui a été créée par nos services éducatifs, avec du matériel adapté et varié selon les différents âges de l'enfant, selon leurs besoins. Je ne sais pas s'il y a des personnes qui vont écouter ce podcast, qui travaillent ici, mais référez-vous à vos chefs de services. En fait, il y a un résumé de ça sur le site de Toux doux aussi. Oui, il y a un guide d'utilisation. Mais, tu vois, je suis très excitée. Je peux parler toute la journée. Je vais mettre tous ces beaux liens-là dans la description. Good. Là, tantôt, tu as mentionné aussi le positionnement. Je ne sais pas si Patricia, tu vas en parler. Ben oui, je peux en parler, ou tu peux renchérir si tu veux. Dans le fond, ce que nous, on enseignait avec Toux doux, c'est le positionnement le plus possible assis. Parce que souvent, ceux qui ont expérimenté faire des soins un peu plus douloureux aux patients, ce qui va faire perdre le contrôle à l'enfant, puis qui va le faire pleurer initialement, c'est de le coucher. C'est souvent là que ça commence, qu'on a perdu la collaboration et tout ça. Fait que c'est de vraiment impliquer le parent, puis de garder l'enfant assis, puis même peut-être l'asseoir sur le parent. Puis le parent peut le rassurer. Il y a une proximité qui est là. Fait que c'est vraiment ça qu'on a priorisé dans les 4P aussi, le positionnement dans l'enseignement. On a fait des démonstrations avec des mannequins, des poupées, puis tout ça. Parce que c'était pas facile. C'est notre bête noire. C'est un changement d'habitude. Oui, c'est ça. Parce que c'est toute la façon que le soignant était physiquement dans la chambre. Je me plaçais là, c'est comme ça, le préposé était là, il tenait. Mais là, c'est tout revoir l'ergonomie, puis tout ça qui a été quand même, c'est beaucoup d'éléments en même temps. Ça demande beaucoup de travail. C'est de la collaboration, puis on est chanceux. Les équipes au début, ils voient finalement, on essaie de leur faire comprendre qu'est-ce qu'ils ont à gagner en tant qu'équipe. Souvent, on voit de la belle mobilisation des équipes, puis une volonté de changer, c'est vraiment changer nos habitudes. C'est pas toujours évident de changer nos habitudes. Avant, on avait tendance aussi à faire sortir les parents des salles. Quand on faisait des interventions, on sortait les parents. C'était comme la pire des choses à faire finalement. Parce que l'enfant se ramasse avec juste des étrangers qui font quelque chose de désagréable. Qu'est-ce qu'il y a plus d'anxiogène que ça? C'est de se faire maîtriser, coucher. Physiquement. Donc là, on dit aux équipes, « non, non on a tout le temps ». C'est rare les fois où est-ce qu'on doit sortir un parent d'une salle. Donc on privilégie vraiment la présence parentale, puis l'implication parentale dans le soin. C'est beaucoup plus rassurant pour l'enfant. Puis au final, tout le monde y gagne. Et c'est rassurant pour vos parents aussi? Oui, tout à fait. Juste de le nommer, ça leur donne un rôle. De voir, aussi. De voir ce qui se passe. Être l'autre côté de la porte, puis entendre son enfant crier, c'est pas si fort. À travers les dernières années, entre autres, une procédure où on sortait beaucoup les parents, ce sont les ponctions lombaires. Des fois, on avait peur que les parents... Bien, perdent connaissance. Oui, c'est ça. Mais finalement, c'est complètement rare. Il arrive souvent un parent qui va dire,« Ah, ok, c'est juste ça, l'aiguille. » Parce que tu peux aussi imaginer... On peut s'imaginer plein de choses. Bien dit. Puis le terme, il est pire, parce que je vais accélérer. Désolée, c'est trop intéressant de vous avoir. Le dernier P, c'est le P pharmacologique. Oui, mon préféré. On a amené ici les différents outils. Mais principalement, c'est la crème Maxilene qu'on a ici, qui est utilisée pour les procédures à l'aiguille, qu'on va appliquer environ 30 minutes avant la procédure, qui réduit le temps procédural, la douleur procédurale aussi. Qui gèle la peau. Qui gèle la peau, en fait, c'est ça. C'est super efficace. On a commencé à former les gens sur l'utilisation de ça. Ils étaient quand même utilisés, mais pas par tout le monde et pas par partout. On a encore du travail à faire. On a encore du travail, parce que ça rentre dans l'organisation. Il faut prévoir 30 minutes pour que ça commence à faire effet. De là à revoir un peu comment on fonctionne. Parce que souvent, on se dit qu'il faut y aller vite, vite, vite. Mais le temps qu'on mobilise un proposé pour nous aider et tout ça, on aurait eu le temps de faire agir la crème. Mais quand on n'a pas le temps, on a d'autres outils. Ça, c'est des religions. Comme on dit tout le temps quand on parle de Tout doux. Il y en a qui préfèrent la crème. Il y en a qui préfèrent les deux autres outils que j'ai ici. On va commencer avec Buzzy, qui est une petite abeille qui fait une petite vibration qu'on entend. Qu'on va appliquer entre la tête et la procédure. En amont. Qui va faire un peu la théorie du portillon. Réduire un peu l'influx nerveux. Je l'ai dit, tantôt, ça vibre. Et là, on ne les a pas apportées. Mais normalement, il y a des petites ailes qui sont congelées. La vibration et le froid font que ça fait un super bel effet. En plus, c'est ludique. C'est ça, souvent, les enfants sont« Là, je veux voir la petite abeille. » Ça réduit aussi la douleur lors de procédures douloureuses. Et ça, c'est instantané. On n'a pas besoin d'attendre que ça fasse effet. C'est sûr que la crème, on la privilégie. Mais des fois, c'est des urgences. Dans deux grosses études randomisées contrôlées, le Buzzy n'était pas tout à fait aussi efficace que Maxilene. Pour réduire la douleur, je parle. Mais tous les outils dont Patricia parle, ça a été démontré. Oui, pour le patient bénéfique. Mais aussi, comme elle l'a dit, pour nous. Ça réduit les temps procéduraux. L'enfant bouge moins, comme je le disais. Puis, ça augmente le nombre de succès du premier coup. Ça, c'est très, très bénéfique pour les soignants aussi. Puis, on a l'autre aussi qui est le PainEase, qui est un jet refroidissant. Et vraiment, on... Je vais te le faire essayer, si tu veux. En ce moment, tu ouvres une compresse. Je vais aller vaporiser dans la compresse le PainEase. On peut l'utiliser à partir de 4 ans. Oui, à partir de 4 ans. C'est quoi l'ingrédient qui est dedans? C'est une bonne question. C'est du froid. C'est vraiment un jet refroidissant. Ce n'est pas sous la pharmacie, le PainEase. C'est vraiment sous les approvisionnements. Il y a différentes compagnies. Le spray qui est refroidi, dans le fond, peut être un nom différent, dépendamment des types. La bouteille est presque vide. On ne pourra pas l'expérimenter. C'est une bonne nouvelle. Oui, ça veut dire qu'elle est bien utilisée. On va aller vaporiser dans la compresse et on va aller frotter au site de la procédure. Ça a un effet immédiat. Ce n'est pas la panacée, mais c'est quelque chose qu'on peut proposer. Il y a des gens qui l'aiment. Beaucoup de gens aiment, oui. Qui ont des très bons résultats. Les enfants aussi. Oui, il y a des enfants qui aiment ça. C'est la neige. C'est la neige. Merci d'avoir présenté l'approche des 4P qui vient minimiser la douleur procédurale. J'ai une question pour toi, Kaitlen. Est-ce qu'il y aurait des choses ou des mots à éviter? Quand on a une bonne intention,« ça ne va pas faire mal », qu'est-ce qu'il ne faut pas dire? On entend souvent « ça ne va pas faire mal » ou l'enfant va poser la question« est-ce que ça va faire mal ? » Il faut être honnête avec l'enfant. Ça ne veut pas dire qu'on va dire que oui, ça va faire mal. Mais au lieu de dire que ça va faire mal, c'est préférable de décrire les sensations que l'enfant va ressentir. Tu vas ressentir la fraîcheur, une chaleur, dépendamment c'est quoi le soin, un pincement. Donc d'éviter des mots avec des connotations négatives comme « ça ne va pas faire mal ». L'enfant va se concentrer sur un mot « mal ». Aussi, la douleur, au final, c'est subjectif, donc on ne sait pas si ça va faire mal pour l'enfant ou non. Donc vraiment d'être concret, de décrire ce que l'enfant va peut-être ressentir. Il y en a plein d'autres exemples comme « c'est presque fini ». Pour un enfant de 2 ans,« c'est presque fini » peut dire que ça va durer une éternité. L'enfant ne sait pas que c'est presque fini. Et surtout, quand ce n'est pas terminé, c'est préférable d'offrir du renforcement positif à l'enfant, de dire « merci pour tes efforts, merci de faire la statue », de rediriger son attention vers la distraction, et de dire qu'on va te dire quand c'est terminé, quand c'est actuellement terminé. Et terminé, c'est quand l'enfant est capable de bouger, de reprendre ses activités. Donc au lieu de dire« c'est presque fini », c'est plutôt préférable de se concentrer sur quelque chose qui va encourager l'enfant, qui va le rassurer.« Tu fais ça très bien. » Ce n'est pas... C'est simple comme réponse, mais c'est mieux, versus d'ajouter du stress parce que tout le monde parle en même temps en disant « c'est presque fini ». Mais c'est mieux de juste aller renforcer, motiver l'enfant le plus possible, détourner vers la distraction, et même de juste penser à ce que l'enfant va faire plus tard,« dis-moi, après qu'on a terminé, qu'est-ce qu'on va faire? » Ça donne quelque chose d'autre à penser, versus de penser à la fin, parce qu'on ne sait pas quand la fin va venir. Merci beaucoup à vous quatre. J'ai appris beaucoup de choses en vous parlant aujourd'hui, et il me semblerait qu'il y a même plein de techniques qu'on pourrait appliquer chez des adultes, pour se faire des prises de sang. Merci Kaitlen, Marie-Joëlle, Patricia, Evelyne, merci d'être venu me parler du projet Toux doux. Est-ce que vous auriez un dernier mot à ajouter pour conclure l'épisode? Je dirais aux parents, si vous voyez que votre enfant va recevoir un soin, et que vous avez l'impression que ça pourrait être douloureux, et que vous avez en votre tête certaines choses qui pourraient bien être utiles, n'hésitez pas à en parler aux professionnels avec qui vous travaillez, qui vont vous prodiguer les soins, parce que des fois, c'est juste que ce n'est pas encore dans les habitudes, ça ne veut pas dire qu'ils ne seraient pas ouverts à l'esprit de l'essayer. Donc, ça vaut la peine, en tant que parent, d'en parler, de dire, moi j'aimerais ça que ça soit fait comme ça, puis souvent, moi je pense que ça pourrait être bien reçu de la part des professionnels. Peu importe où est-ce que vous êtes. Allez sur le site de Toux doux. Ben oui! On va tout mettre ça dans la description. Merci beaucoup de nous avoir écoutés. On met tout ça dans la description de l'épisode et on se revoit pour un prochain. Merci!